Plongée asphyxiante dans un univers ultra-violent: Trans suit toutes les étapes du «transit» infernal qui va mener le narrateur d'un pays dictature à l'Europe, rêve illusoire d'humanité. Non seulement Pavel Hak ne craint pas la violence, mais il en a fait le matériau même de tous ses romans - c'est son troisième - pour dire le monde comme il est, ou comme il le perçoit, et imposer à chaque fois sa rhétorique de l'horreur comme l'essence du rapport humain. Pessimiste ou réaliste? Hak doit savoir de quoi il parle, lui qui a quitté la Tchécoslovaquie au début des années 80, est arrivé en clandestin en Italie et vit aujourd'hui en règle à Paris où il écrit en français. Si Trans nous plonge dans le parcours cauchemardesque d'un sans-papiers, difficile d'y lire pour autant une stricte autobiographie, tant on est ici dans le registre de la farce et du grotesque.Hak accumule les scènes violentes jusqu'à l'irréalisme, comme pour mieux dire que dans un monde pseudo-humaniste, le corps d'un homme compte pour rien, seulement objetisé ou réduit à l'organique pour mieux nourrir l'autre moitié de la planète. On tique devant certaines facilités (toutes les femmes jouissent quand elles se font violer) qui érotisent trop complaisamment la violence. Mais Hak a un véritable univers et construit une oeuvre cohérente, qui se fiche tellement de séduire qu'elle en devient hors norme.