En Asie, Wu Tse survit entre les cadavres de ses « frères » d'infortune et la morgue des entrepreneurs. Un monde où le cauchemar d'une nuit n'est que la séquence d'une bande continue que chaque jour déroule : immeubles à démolir, mort à tous les étages, exploitation des corps... En réchapper, c'est fuir, partir vers l'occident. D'un cargo où l'on frôle la noyade à un rivage africain battu par l'anthropophagie et les égarements scientifiques, Trans retrace les tribulations de Wu Tse, émigré perpétuel, figure de l'opprimé contemporain.
Avec ce troisième roman, Pavel Hak poursuit une oeuvre cohérente publiée jusqu'ici par les éditions Tristram. Une oeuvre effrayante, insoutenable pour certains, la violence étant ici saisie de front. Comme le tir d'un sniper, Hak cloue son lecteur au mur et le mitraille de scènes infernales. Pas de tir aveugle, ici. Pour sculpter cette compression d'horreurs, Pavel Hak développe un texte d'une tension rare, au style sec, au rythme diaboliquement travaillé. « Les hommes fuyant la misère sont un fléau qu'aucune mesure de sécurité ne peut arrêter. Ils sont des milliers ne possèdent rien. N'ayant rien, ils ne craignent rien (puisqu'ils n'ont rien à perdre). Et rien ne peut les faire renoncer au rêve de prospérité que la misère a injecté dans leurs têtes. Leurrés déshérités : transformés en matière première dont on peut faire un bizness plus lucratif que le trafic d'armes. » Trans, c'est bien sûr l'homme en transit. C'est le monde tel qu'il se transforme. Un monde pris d'une transe inhumaine. Et l'amour ? Vous verrez par vous-mêmes.