Ça vous tombe dessus comme un coup de hache : il n'y a pas d'échappatoire à ce texte. Pavel Hak dit la terreur et la violence d'un pays de guerre. Ça se passe aujourd'hui, mais dans un pays indéterminé. Ça pourrait être n'importe où, même à une quelconque frontière française. Pas de dentelles, pas de flonflons... mais il y a des armes, du sang, des tortures, des sexes abîmés et des cadavres pris dans la terre glacée.
Sans romantisme, donc, Pavel Hak dit, écrit sa rage féroce contre ce monde disloqué. Il ne veut rien démontrer, c'est un récit qu'il mène d'une écriture tranchante, celle qu'on avait déjà remarquée dans son premier roman sulfureux: « Safari », en 2001. Ici, nous croisons des fuyards harcelés par une bande de tueurs (des soldats) dont le personnage principal est une « muette» qui, à l'occasion, peut se venger de la plus cruelle façon. Il y a le tueur isolé, ce sniper, qui se croit le maître du monde: " On dit l'époque cruelle? Violente? Abjecte? Je suis la violence pure mais, étant donné que je remplis une mission (tuer tout ce qui menace notre empire), je suis également au-dessus des qualificatifs moraux. La violence pure ne connaît aucun critère. Elle déferle. Tue. Anéantit. Étant la violence à l'état pur,je suis l'époque. “ Surtout, il y a l'homme qui veut retrouver les cadavres des siens dans la terre gelée, cette terre qui ne veut pas se briser. Ils sont là, son fils, sa mère et ses deux frères. À coups de hache, il y parviendra. Dans la charrette qu'il tire il y a les membres rigides de ses proches, qui s'entrechoquent, il y a "surtout le père, le bras dressé vers le ciel, la mâchoire ouverte [qui] semble rire de ce qui se passe (…). " « Sniper ", un texte violent dressé contre l'horreur, la terreur.