C’est un premier roman tout à fait hors norne. Un texte sulfureux, plein d'horreurs et de décors somptueux. Nous sommes en Afrique, au Kenya, où un Français, Georges Boss (on pourrait prononcer Beauf), est à la recherche d'un ami « ingénieur » qui doit lui organiser une chasse magique, celle du rhinocéros : « Quand cette bête-là dévale les prés, la terre tremble, secouée d'une force sans égale dans sa détermination à éprouver le monde.» Pavel Hak, d'origine tchèque et diplômé en philosophie à la Sorbonne, nous entraîne, grâce à une écriture flamboyante, dans une aventure africaine qui n'est pas un simple safari en parc balisé et protégé. C'est une dérive sauvage. Tout le monde devient tueur. Avec frénésie. Boss, accompagné de Carla, part vers « une réserve » dans une étincelante Land Cruiser 3 litres turbo-diesel, avec un chauffeur, M. Wilson. Le voyage n'est pas une partie de plaisir : il commence par l'achat d'une peau séchée, c'est celle d'un homme ; Carla est ensuite dévalisée par une bande de jeunes garçons : elle se retrouve « à quatre pattes, maculée de boue », et Boss s'approche, regarde. Serait-il yoyeur ? Vient ensuite un groupe de soldats : c'est le drame. Très vite Carla n'est plus qu' « un tronçon de viande saignante que les soldats - encore une fois à tour de rôle - assaillent à coups de reins ». C'est Boss qui creusera un trou près de la Land Cruiser... Reste la véritable chasse au rhinocéros, invisible alors que la furie s'installe. Jusqu'à l'extermination finale. On a entendu, auparavant, la voix d'un « chaman » : « La déroute n'est-elle pas la patrie tumultueuse des mortels ?» Il est sûr que « Safari » nous offre un voyage pour le moins tumultueux !